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Angers, le 28 janvier 2022 – Suite à la publication d’une photo sur le compte Twitter de l’association Canopée dans le cadre d’une campagne contre les coupes rases en forêt, Twitter a verrouillé le compte de l’association sur demande du secrétaire général du Syndicat des Sylviculteurs du Sud-Ouest. Nous dénonçons une censure et demandons à Twitter de rétablir immédiatement le plein usage du compte de Canopée.

⚡Nous venons de recevoir un email d’excuses de Twitter : notre compte est rétabli.

Les faits

  • Le mardi 25 janvier, à 17h00, nous avons publié le message ci-dessous, accompagné de la photo suivante:
  • Cette photo montre un responsable de la filière forêt-bois, M. Dumontet, secrétaire général du Syndicat des Sylviculteurs du Sud-Ouest, au milieu d’une coupe rase dans les Landes.
  • Le mercredi 26 janvier, à 11h30, Twitter a verrouillé notre compte et exigé que nous supprimions le message qui violerait ses règles “relatives à la publication de médias privés”, ce que nous contestons. Twitter indique avoir été informé par “la personne figurant sur ce média” : en l’occurrence, M. Dumontet. 
  • Le message est pourtant un simple photomontage d’une personnalité s’exprimant régulièrement publiquement, par exemple récemment sur France 3 Nouvelle Aquitaine. Aucune information à caractère privé (numéro de téléphone, email ou domicile) n’a été divulguée.

Le contexte

  • Cette action s’inscrit dans le cadre d’une campagne nationale pour mieux encadrer les coupes rases en forêt.
  • Dans le cadre des Assises Nationales de la Forêt et du Bois organisées par le gouvernement et de la révision du référentiel de certification PEFC, la pression s’accroît pour mieux encadrer ces pratiques : la filière forêt-bois landaise est la plus exposée car c’est elle qui a le modèle le plus intensif et qui a le plus recours à cette pratique controversée. M. Dumontet a participé à ces débats avec Canopée.
  • Le 22 septembre 2021, Canopée a remis symboliquement un trophée de la « destruction de la biodiversité » lors du salon Forexpo, à Mimizan. Lors de cette action, M. Dumontet a proposé une visite commune sur le terrain pour débattre et Canopée a accepté cette proposition avec enthousiasme. 
  • Malgré un accord de principe et une date fixée pour une visite commune, M. Dumontet est revenu sur son invitation le 15 novembre. 
  • Du 24 au 26 janvier, Canopée a fait visiter différentes parcelles à une silhouette en carton de « M. Dumontet », sur lesquelles nous avons constaté la destruction de forêts de feuillus pour être transformées en monocultures de pin maritime. L’une de ces parcelles étant située en zone Natura 2000. 
  • La vidéo de cette mission sera rendue publique le 6 février, en même temps que la diffusion de l’émission “Interception” de France Inter, qui a accompagné Canopée sur le terrain.

Pour Sylvain Angerand, porte-parole de Canopée :

Le lobby des industriels du bois panique et multiplie les intimidations pour essayer d’étouffer un débat public sur les coupes rases qui les dérange. Ce qu’ils ne comprennent pas, c’est que ce type de manœuvre ne fait que renforcer notre détermination : s’il faut aller en justice pour faire respecter notre liberté d’expression, nous irons.« 

Bruno Doucet, chargé de campagne pour les forêts françaises, ajoute : 

“Partout en France, la colère monte face à l’industrialisation de l’exploitation forestière. La filière bois landaise est sans doute celle qui concentre le plus de critiques, car c’est la plus intensive. En s’ouvrant au débat, les industriels pourraient s’investir dans une démarche constructive. A l’inverse, en tentant de nous censurer, ils jettent de l’huile sur le feu”

Notre avocat a fait parvenir un courrier à la société Twitter France pour dénoncer “une atteinte manifestement disproportionnée à notre liberté d’expression” et exiger le rétablissement urgent de notre compte utilisateur sous peine de poursuite en justice.

La réponse de M. Dumontet, Secrétaire Général du SYSSO

M. Dumontet, Secrétaire Général du Syndicat des Sylviculteurs du Sud-Ouest, a souhaité exercer son droit de réponse et réagir à l’article sur cette page. Voici ce qu’il écrit :

« Votre article intitulé « twitter bâillonne Canopée à la demande d’un responsable de la filière bois » appelle de ma part les observations suivantes :
D’une part, je n’ai jamais demandé à la société TWITTER de « verrouiller » le compte de votre association, j’ai simplement sollicité le retrait de ma photographie du tweet initial que vous aviez cru bon de mettre en ligne, sans mon autorisation, le 25 janvier dernier. C’est la société TWITTER qui, en application de ses propres règles internes, a décidé de suspendre
momentanément la totalité de votre compte.
D’autre part, ma démarche ne constitue en rien une « censure », laquelle se définit comme un contrôle préalable d’un contenu avant sa diffusion publique. Je n’ai fait que solliciter le retrait d’une photographie, déjà mise à la disposition du public, portant atteinte au droit exclusif que je détiens, comme tout un chacun, sur mon image en vertu de l’article 9 du code civil. Il n’y a donc eu aucune censure préalable mais l’exercice d’un droit permettant « à toute personne, quelle que soit sa notoriété, de s’opposer à la diffusion, sans son autorisation expresse, de son image, attribut de sa personnalité ».

Enfin, s’agissant du contexte, j’ai effectivement, suite à l’intrusion de certains membres de l’association Canopée au salon Forexpo, spontanément proposé de discuter avec cette dernière de la sylviculture et de l’exploitation des bois sur le massif landais. Plusieurs échanges téléphoniques ont eu lieu et j’ai accepté que l’association Canopée se fasse accompagner, lors de ses visites de terrain, par des associations locales dont elle est proche. Par contre, je n’ai pas fait droit aux exigences de l’association de filmer la visite et d’en faire un montage. En effet, j’ai
considéré, et considère toujours, qu’il n’est pas nécessaire de filmer des échanges pour avoir une discussion constructive en forêt. L’association Canopée ne voulant pas réellement parler sylviculture et exploitation des bois, mais obtenir des images et les exploiter dans des montages
militants, comme la campagne actuelle contre ma personne le démontre amplement, la rencontre n’a pu se faire, ce que je regrette.
Cette mise en perspective permettra d’éclairer utilement vos lecteurs sur le parti pris de l’article à mon endroit ».

Le commentaire de Canopée

  • Dans le premier paragraphe, M. Dumontet indique que sa démarche ne constitue en rien une « censure » ce que nous contestons. M. Dumontet a demandé à Twitter de supprimer notre tweet en prétendant que notre photo était un média privé ce qui a entrainé la suspension de notre compte. Nous avons du faire appel à notre avocat, et à une mobilisation de soutien pour que Twitter examine sérieusement cette photo, constate qu’il ne s’agissait pas d’un média privé et rétablisse notre compte. M. Dumontet s’exprime en effet régulièrement publiquement en tant que Secrétaire Général du SYSSO : c’est en tant que personne publique que nous l’interpellons.
  • Cette demande de suppression d’expression de Canopée s’inscrit dans un contexte plus global : lors de notre intervention à Forexpo, dont M. Dumontet était le directeur général, nous avions été transportés par la force hors du salon. (Nous avions pourtant payé notre ticket d’entrée.) On constate dès lors : au lieu de contre-argumenter publiquement sur le fond, M. Dumontet préfère nous exclure ou nous faire taire.
  • Dans le second paragraphe, M. Dumontet indique n’avoir pas accepté de se rendre en forêt avec nous et avec des caméras. C’est faux : M. Dumontet a lui-même proposé cela, face aux différentes caméras présentes à Forexpo. Il a précisé « avec vos caméras, avec toutes les caméras que vous voulez ». Il est vrai qu’il a ensuite fait part de ses inquiétudes quant au montage lors de nos échanges en visio, mais nous avions convenu que notre montage lui serait envoyé avant diffusion. Nous lui avons aussi suggéré d’inviter ses propres équipes vidéo.
  • M. Dumontet a ensuite brutalement cessé de répondre à nos messages. Il indique regretter que la rencontre n’ait pu se faire : il a pourtant lui-même refusé de venir, puis il a été informé de nos dates de visite, sans en tenir compte. La présence de caméras nous semble essentielle pour porter notre débat dans la sphère publique : l’état des forêts, de la biodiversité, des sols et du puits de carbone nous concerne toutes et tous. Il ne s’agit pas de cacher nos échanges en refusant que leurs contenus soient transparents.
  • Canopée ne mène d’ailleurs aucunement campagne contre la personne de M. Dumontet. La campagne de Canopée vise à interdire les coupes rases : c’est pour cela que nous souhaitons interagir avec M. Dumontet, qui défend publiquement ce type de gestion.
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