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Les biocarburants ne sauveront pas l’aviation

Canopée publie un rapport qui met à mal les positions du gouvernement, engagé à promouvoir les biocarburants comme solution miracle pour décarboner le trafic aérien.

Publié le Rédigé par Canopée

Canopée publie un rapport qui met à mal les positions du gouvernement, engagé à promouvoir les biocarburants comme solution miracle pour décarboner le trafic aérien.

Alors que le gouvernement s’est engagé dans la promotion des biocarburants à base d’huiles alimentaires usagées pour l’aviation, nous publions un nouveau rapport qui montre que cette stratégie est une impasse, et risque d’accroître la pression sur les forêts.

Voici les principales conclusions et révélations de ce rapport :

Le gisement d’huiles usagées en France n’est pas suffisant pour répondre aux besoins dans l’aviation : par ailleurs, il est déjà mobilisé pour d’autres utilisations ;

Si l’ensemble de ce gisement (environ 50 000 tonnes / an) était utilisé comme biocarburant aérien, il permettrait d’alimenter l’équivalent de 700 vols Paris/Montréal – un chiffre à comparer aux 1.569.400 vols commerciaux enregistrés depuis la France en 2019 ;

Avec un taux d'incorporation de 100% de biocarburant issu d'huiles alimentaires usagées, l'utilisation de l'ensemble du gisement national ne permettrait de réaliser que 700 vols aller-retour entre Paris et Montréal – à comparer aux 1 569 400 vols commerciaux enregistrés en France en 2019.

Première conséquence : cette forte demande augmente le risque de fraudes, c’est-à-dire la falsification de documents visant à importer de l’huile de palme en tant qu’huiles usagées.

Nous révélons ainsi que le groupe Total a été impliqué dans une fraude à grande échelle de faux certificats d’huiles usagées. La Belgique a ainsi réclamé au groupe le paiement de plus de 24 millions d’euros de frais de douanes non payés en juin 2020.

Deuxième conséquence : le marché européen absorbe une part croissante du gisement mondial d’huiles alimentaires usagées. En substitution, des pays comme la Chine importent davantage d’huile de palme L’utilisation croissante de biocarburants à base d’huiles alimentaires recyclées, notamment dans l’aviation, augmente ainsi indirectement la demande en huile de palme et encourage l’extension des plantations au détriment des forêts.

« Le gouvernement a interdit l’utilisation de biocarburants dits de première génération comme l’huile de palme pour l’aviation mais, sans une réduction drastique du trafic aérien, il n’existe aucun gisement soutenable pour faire voler les avions avec des biocarburants avancés comme des huiles alimentaires usagées. »

Joachim Voisin-Marras, coordinateur de cette étude pour Canopée